L’Oise, en amont d’Hirson, ressemble à un chapelet d’étangs. Des digues retiennent des plans d’eau, la plupart privés, à des vocations de loisirs. Construits pour des raisons industrielles, ils rentrent aujourd’hui dans la réglementation des ouvrages hydrauliques.
En effet, le (toujours célèbre) décret 2105-526 du 12 mai 2015 définit les règles de classement des ouvrages. Nous sommes revenus plusieurs fois sur le classement des digues de protection (lorsqu’une partie du lit majeur est soustraite à l’expansion naturelle de la crue) mais une autre section du décret vise les barrages. Et peu importe la vocation du barrage, le fait qu’il retienne de l’eau fait courir un risque technologique et l’ouvrage doit faire l’objet d’un suivi et recevoir le quitus périodique d’un bureau d’études agréé par l’Etat.
Sauf que si les digues relèvent de la compétence GEMAPI (donc l’EPCI devient le gestionnaire non propriétaire, responsable du bon état des digues), seuls les barrages ayant la vocation unique de lutte contre les inondations suivent ce principe. Pour l’Entente, les ouvrages de Proisy, Longueil-Sainte-Marie et demain Montigny-sous-Marle sont concernés. Mais les barrages à vocation de loisirs ne font pas l’objet d’un transfert de gestion, de sorte que l’obligation de bon état pèse sur le propriétaire.
Et les petits barrages, dès lors qu’une habitation se trouve en aval à moins de 400 mètres, sont concernés dès que la hauteur de digue en aval dépasse 2 mètres et le volume de la retenue excède 50 000 m3. Du coup, la procédure prévoit une étude de danger (quelles conséquences d’une rupture, quelles mesures d’alerte et d’évacuation proposer) qui comprend un diagnostic assez poussé de la digue de retenue (géométrie, matériaux constitutifs, état de vieillissement, présence de pathologies etc.) et de son éventuelle résistance à la submersion en cas de crue exceptionnelle (présence d’un déversoir de sécurité).
Le 7 janvier 2011, la plus forte crue connue sur l’Oise amont résultait de la fonte en quelques heures d’un conséquent manteau neigeux accumulé depuis plus d’un mois, sous l’effet d’une pluie douce et intense. Et les barrages de l’Oise amont ont été surversés, frôlant une rupture qui aurait aggravé une inondation déjà traumatisante dans Hirson où 550 maisons ont été sinistrées dans la nuit.
Depuis, les services de l’Etat en charge de l’inspection des ouvrages ont procédé à des constats puis à des mises en demeure des propriétaires. Toujours est-il que la compétence GEMAPI n’apporte aucune solution à cette problématique pourtant bien réelle est possiblement lourde de conséquences. Les propriétaires, peu compétents en la matière, se retrouvent désemparés devant des mises en demeure et des coûts très élevés, tandis qu’ils ont des responsabilités vis-à-vis des populations en aval. Il faudra sans doute encore du temps pour que la sérénité s’installe en aval de ces barrages.