Initié suite à la crue des 7 et 8 juin 2007, le PAPI Verse (Noyon Guiscard, 60) a été élaboré par l’Entente Oise Aisne qui en est l’animateur et maître d’ouvrage de plusieurs actions à la demande des élus locaux. Ce vaste programme d’une enveloppe actualisée de 14,5 M€ HT comprend notamment la réouverture de la Verse, actuellement busée dans la ville de Guiscard et la réalisation de trois barrages d’écrêtement des crues. Les délais de constitution du dossier de PAPI, d’instruction, de labellisation puis de signature de la convention, n’ont permis de démarrer les opérations qu’au deuxième semestre 2014, tandis que la commune de Guiscard a pu engager les études de réouverture de la Verse sur aides exclusives de l’Agence de l’eau, sans attendre la fin de ce long processus administratif.
Aujourd’hui, le marché de travaux pour la réouverture de la Verse est prêt à être notifié mais la facilitation des écoulements dans Guiscard, qui abaissera les niveaux en cas de crue, s’avèrera préjudiciable en aval (Muirancourt, Noyon) où les populations verront un pic de crue arriver plus vite et plus fort. C’est pourquoi un des trois ouvrages, celui de Muirancourt, a pour vocation de retenir les eaux des fortes crues et assurer ainsi une compensation.
Sauf que les études de maîtrise d’œuvre, commandées par l’Entente, ont pris du retard. La présence de 8 m de tourbe sous le site du projet de Muirancourt rend extrêmement compliquée et possiblement dangereuse la réalisation d’un tel ouvrage, de sorte que des alternatives doivent être étudiées.
Les retards sur cet ouvrage ont pour conséquence de différer le commencement du chantier dans Guiscard, au grand regret des riverains inondables de la commune. Outre une succession de réunions tendues, un article récent dans la presse a amené le président de l’Entente Gérard SEIMBILLE à clarifier la situation dans un courrier adressé à tous les élus locaux, ne pouvant accepter d’être désigné comme un frein à cette dynamique.
Tout d’abord, il rappelle que si l’Entente a accepté de porter le PAPI, c’est bien pour accompagner ce vaste projet, apporter son expertise sur les ouvrages de régulation et en aucun cas pour freiner le dossier. Ensuite, il rappelle que les règles de sécurité doivent primer, aussi la présence de tourbe doit inciter à la plus grande prudence. En conscience, il affirme qu’il ne construira pas d’ouvrage présentant un risque aggravé de rupture. Loin de prendre son temps, il a anticipé l’instruction réglementaire de cet ouvrage et il remercie les services de l’Etat d’avoir accepté d’examiner le dossier élaboré par le maître d’œuvre en-dehors du contexte d’autorisation administrative. Il s’en est suivi un avis très réservé de la DREAL sur ce projet et une invitation à rechercher des solutions alternatives.
La seule option crédible consiste à reporter sur les deux autres barrages (Berlancourt et Beaugies-sous-Bois) l’objectif de compensation, et de rechercher des mesures de protection (murets, merlons) pour les habitations en aval sur Muirancourt et Noyon. La bonne nouvelle est que cette alternative coûterait moins cher et pourrait se réaliser plus vite, puisque les deux barrages en amont de Guiscard n’ont pas fait l’objet de réserves sur la conception de la part de la DREAL. Une courte étude a été notifiée en février et rendra ses conclusions en avril pour une décision collégiale à prendre par le Comité technique du PAPI.
Enfin, Gérard SEIMBILLE invite à sortir du climat de suspicion pour aller vers une cohésion de l’ensemble des acteurs de ce dossier. Des positions antagonistes ne peuvent que fragiliser la démarche d’ensemble tandis que des négociations restent à conduire, notamment pour l’acquisition des terrains d’emprise des ouvrages auprès de propriétaires locaux qui pourraient se demander si une vente à l’Entente, décriée, est bien pertinente.
Forte d’une expérience sur plusieurs autres dossiers, certains ayant abouti, d’autres ayant dû être abandonnés, l’Entente sait que le succès repose sur le soutien des élus locaux, sans faille, et du début à la fin.