En cette soirée du mercredi 6 juin, un nouvel orage s’est abattu sur le pays du Valois. Localement, la pluviométrie a atteint 55 mm en une demi-heure, ce qui en fait un événement très important, sans être pour autant exceptionnel. Mais les orages précédents avaient conduit à la création d’une croûte de terre sur les parcelles agricoles, les rendant quasi-imperméables.
Au printemps, une terre cultivée et humide absorbe environ 90% de la pluie. Mais en présence d’une croûte, toute l’eau ruisselle de sorte que les conséquences sont décuplées (phénomène de battance).
Contactés tôt ce matin, Jean-Michel CORNET des services de l’Entente et Cyril LOGEREAU de la CATER de l’Oise se sont rendus sur les lieux.
A Acy-en-Multien, le pire a sans doute été évité grâce à une présence majoritaire de colza et de blé alentour. Seules quelques parcelles en betterave et en maïs ont apporté une contribution sensible au ruissellement. Les coulées de boue particulièrement épaisses persistaient en épaisseur dans les rues après avoir frappé quelques maisons.
La battance toujours présente fait craindre au maire un nouvel épisode puisque des orages sont à nouveau annoncés pour dimanche et lundi. Ainsi, les deux techniciens ont pu préconiser quelques mesures d’urgence : sur trois secteurs, des ballots de paille vont être positionnés sur une centaine de mètres, légèrement encaissés et stabilisés par des pieux. Ils permettront de retenir une partie des écoulements, et de filtrer les eaux. A plus long terme, une réflexion globale sur ce bassin sera nécessaire. Comme partout, une articulation devra être trouvée avec la profession agricole appelée à recevoir des aménagements sur les parcelles cultivées, tandis que les agriculteurs font déjà face à des pertes de récoltes importantes, une partie des cultures ayant été décapée cette nuit. C’est la difficile mission qui attend le syndicat de l’Ourcq aval qui, doté de la compétence GEMAPI, dispose aussi de la compétence optionnelle de lutte contre le ruissellement.
A Nanteuil-le-Haudouin, une immense parcelle en betterave a ruisselé et alimenté deux talwegs descendant sur la ville. Les écoulements en fortes pentes ont décollé le macadam et ont fini dans de nombreuses maisons avant d’abonder la Nonette de leurs eaux chargées. Là aussi, des mesures d’urgence avec des ballots de paille sur la parcelle à risque devraient permettre de limiter les dégâts en cas de nouvel épisode dans les trois jours.
David FORISSIER, du Syndicat interdépartemental du SAGE de la Nonette, était aussi présent pour partager le diagnostic. Ce syndicat, qui offre un conseil en matière de lutte contre le ruissellement, se chargera d’accompagner la commune dans la mise en place de solutions pérennes.
La capacité d’un maître d’ouvrage à trouver des solutions négociées et acceptables est déterminante pour aboutir, les démarches impulsées suite à des catastrophes comme celle-ci restant souvent lettre morte faute de disposer des clés de la réussite. Sur l'une de ces deux communes, il existe par chance une collectivité dotée de la compétence de lutte contre le ruissellement qui, nous le rappelons, est facultative. En règle générale, il n’existe pas de collectivité s’étant saisie de cette compétence (et des responsabilités qui vont avec), laissant les maires totalement dépourvus : ils ne savent pas comment faire, ils n’ont pas les moyens ni techniques ni financiers, et de surcroît l’eau ne provient pas nécessairement de leur commune. C’est face à ce constat récurrent que l’Entente propose cette compétence à la carte, apportant ainsi la technicité, la couverture géographique et en faisant bénéficier ses membres d’une mutualisation pour lisser les cotisations.