On ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure. Cette expression bien connue peut se transposer à beaucoup de sujets et la lutte contre les inondations en fait partie. Des inondations importantes ont eu lieu en juin 2016 sur le bassin de la Seine, la station de Paris–Austerlitz enregistrant une hauteur de 6,10 m, très loin du record de 1910 mais surtout très proche des niveaux préjudiciables sur Paris puisqu’à quelques centimètres près, plusieurs stations de métro auraient dû être murées.
En janvier 2018, rebelote sur les mêmes niveaux, tout le monde retient son souffle et finalement, la capitale n’aura subi que peu de dégâts.
Oublions tout ça.
Et si quelques personnes ont aujourd’hui encore en mémoire ces deux épisodes contemporains, qui a su que pour le second événement, les Grands lacs de Seine ont détourné plus de 500 millions de m3 d’eau, provoquant un abaissement de la crue de 65 cm dans Paris ? Cette dernière crue a représenté le plus fort volume depuis 1910, devançant largement les crues de janvier 1924 et janvier 1955, autres dates notoires pour nos concitoyens franciliens.
L’actualité relate les trains qui n’arrivent pas à l’heure. Et les dommages des inondations catastrophiques. Ces derniers jours, les images de torrents de boue ne manquent pas sur les sites d’information. Mais l’on ne parle pas des secteurs qui n’ont été que très peu affectés.
Lutter contre les inondations est donc un métier de l’ombre. Il ne pleut pas ? on n’en parle pas. Peut-être même peut-on s’interroger sur l’intérêt de maintenir tant de fonctionnaires. Ou se demander à quoi servent finalement tous ces ouvrages qui ont coûté fort cher et qu’il faut maintenant entretenir. Une crue ? si elle est atténuée, la vie suit son cours avec des nuisances minimes.
Loin de réclamer la lumière sur ce métier caché, il est essentiel que la communication autour du risque soit soutenue, à destination de tous. Si une crue est régulée, il est important que les citoyens sachent à quoi ils ont réchappé. D’une part, pour mieux apprécier ce service public qui a un coût mais qui évite des dépenses conséquentes à des moments toujours mal choisis. D’autre part, parce que les logiques d’atténuation et de protection ont leurs limites et lorsqu’elles sont dépassées, chacun (re)découvre les inondations et leurs méfaits. Devenues plus rares, elles n’en sont que plus traumatisantes pour qui n’a pas intégré cette logique de catastrophe aléatoire et se retrouve surpris.
Une bonne communication doit bien évidemment relater les catastrophes, mais aussi sensibiliser à celles qui ont pu être évitées, mettre en avant les solutions, nuancer en citant leurs limites, enfin appeler chacun à soutenir les démarches de prévention. Nous devons tendre vers une politique d’évitement des catastrophes dans une conscience collective.