La Caisse centrale de réassurance (CCR) a publié une étude en partenariat avec Météo France, sur le changement climatique et l’augmentation du coût des dommages dus aux catastrophes naturelles. Ce fascicule très intéressant se base sur le scénario hélas fort possible du maintien du rythme actuel d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, qui conduit à une hausse des températures comprise entre +1,4°C et +2,6°C en 2050 puis entre +2,6°C et +4,8°C en 2100.
Le modèle de Météo France a ainsi généré 400 années de climat pour en déduire quelques statistiques, comparées à la situation actuelle. Par ailleurs, les simulations de dommages ont été conduites sur des perspectives d’évolution des enjeux tenant compte des dynamiques de territoires et de croissance globale de la population nationale.
Nous pouvons noter que les modèles sont de plus en plus précis, les pas de temps étant dorénavant de 10 minutes sur des mailles de 20 km de côté.
Le premier enseignement est que les pluies de période de retour relativement élevée (50 ans) vont augmenter à peu près partout. Sur notre bassin, la hausse à 2050 devrait se situer entre +10% et +16% de précipitations sur de tels événements (une pluie cinquantennale correspondra à +10% à +16% de pluie en plus par rapport à aujourd’hui).
Dans la même logique, le nombre d’événements extrêmes, lui aussi d’évolution disparate, devrait augmenter en 2050 de +20% à +50% pour notre bassin. Les zones inondables s’étendent logiquement. Le département de l’Oise est manifestement le plus concerné par ce phénomène, étant très exposé aux problématiques de ruissellement.
Lorsqu’on confronte ces évolutions de l’aléa aux enjeux, on se rend compte que le coût des dommages, d’ici à 2050, devrait augmenter de +20% à +40% (Meuse, Ardennes), de +40% à +60% (Aisne, Oise), voire même de plus de 60% (Marne, Val d’Oise).
Tandis que le manque d’engagement collectif des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de la planète laisse présager un scénario pessimiste, les démarches individuelles d’adaptation au changement climatique prennent tout leur sens. C’est pourquoi la France doit s’engager dans des choix forts de démarches de prévention du risque d’inondation, s’appuyant sur tous les leviers, notamment celui de la résilience et de l’exposition au risque. L’actualité dans l’Aude nous rappelle la présence du risque, mais aussi la conséquence d’une urbanisation parfois déraisonnable.