Alain BRAILLY est président de la Communauté de communes des lisières de l’Oise (60) et élu d’Attichy. La CCLO a transféré la compétence de prévention des inondations à l’Entente Oise Aisne en juin 2018. En tant que délégué à l’Entente, il préside la Commission hydrographique Aisne aval au sein des instances de l’Entente.
Entente Oise Aisne : Pour quelles raisons la Communauté de communes des Lisières de l’Oise (CCLO) a-t-elle choisi d’adhérer à l’Entente ?
Alain Brailly : Nous avons décidé d’adhérer pour tout un ensemble de raisons : par le fait que les EPCI récupèrent la compétence GEMAPI pour commencer, mais nous avons également des problématiques locales importantes. Onze communes sur notre territoire sont impactées très régulièrement par l’érosion des sols liée au ruissellement et sept communes sont touchées par les débordements de rivière. Sur le plan économique, nous étudions également le cas de l’entreprise Weylchem, une plateforme chimique classée SEVESO de près de mille salariés, située à Trosly-Breuil. Nous souhaiterions développer cette zone économique en accueillant de nouvelles entreprises, mais pour cela le PPRI impose des compensations. Sur cette question, l’Entente peut nous conseiller. Nous sommes aussi attentifs au projet de Vic-sur-Aisne. La création d’une zone humide, à l’étude, aurait un impact positif sur notre territoire.
Et, enfin, je crois à la force d’un groupe, d’un syndicat... Il doit y avoir une solidarité ! Ce qu’entreprend l’Entente sera bénéfique pour tout le monde, que ce soit les territoires ruraux ou les territoires urbains, certes moins impactés par les coulées de boue, mais beaucoup plus par les débordements de rivière. Il faut qu’il y ait une solidarité sur l’ensemble des EPCI pour donner à l’Entente davantage de moyens pour la réalisation de ses programmes.
EOA : Vous êtes précurseur sur le fait que la CCLO, en tant qu’EPCI, souhaite transférer à l’Entente la lutte contre le ruissellement...
A.B. : La CCLO a délibéré pour prendre la compétence de lutte contre ruissellement. Cette décision a fait l’unanimité du conseil communautaire ! En effet, nous prévoyons de délibérer à nouveau, en avril 2019, pour transférer cette compétence à l’Entente. La CCLO est régulièrement touchée par des coulées de boues, en raison de son caractère très rural. Nous avons eu de nombreux classements en catastrophe naturelle. On recense pas moins de cinquante-trois exploitations agricoles sur notre territoire et nous entretenons un très bon dialogue avec cette profession. Les agriculteurs prennent conscience de cette problématique de ruissellement et réfléchissent à une autre façon de cultiver. D’ailleurs, dans le cadre de l’élaboration de notre PLUIH, nous avons conventionné avec la chambre d’agriculture pour être accompagné dans cette démarche.
EOA : Comment s’est passée la transition avec la compétence GEMAPI ?
A.B. : Le syndicat de l’Aisne navigable, qui était jusqu’alors compétent aussi sur la PI, a modifié ses statuts pour ne conserver que la GEMA, qu’il gère désormais sur 19 communes de la CCLO. Cette modification de statuts n’a pas posé de problème particulier. Quatre autres communes de la CCLO (Nampcel, Tracy-le-Mont, Saint-Crépin et Rethondes) sont sur le périmètre de deux syndicats : le syndicat de l’Aisne navigable et le futur syndicat pour le SAGE Oise-Moyenne en cours d’émergence. Enfin, la commune de Pierrefonds est sur le périmètre du syndicat mixte Oise Aronde (SMOA). Ce qui montre toute la complexité de la réforme en matière de gestion des milieux aquatiques !
De l’autre côté, la PI a été transférée à l’Entente. Je préside la commission hydrographique Aisne aval. Plusieurs enjeux ont été soulevés lors de la première session de la commission, notamment le fait que le SDIS d’Attichy soit complètement impacté en cas de crue centennale. La réflexion se porte sur le fait d’adapter la digue actuelle et la prolonger pour qu’elle remplisse son rôle de protection et enfin de la classer.