Ce samedi, les riverains du futur barrage de Berlancourt (60, intégré au PAPI Verse) étaient conviés à une présentation à Guiscard. Thibaut Delavenne, maire de Guiscard, et Joël Cottart, maire de Berlancourt, présidaient à cette matinée d’échanges. L’association de défense des hameaux de Guiscard, rassemblant principalement les habitants de Beines (60), hameau de Guiscard, affichait ses craintes que la queue de retenue du barrage ne soit préjudiciable aux habitants situés en amont et déjà naturellement inondés. La présentation des caractéristiques hydrauliques du barrage par les services de l’Entente se voulait rassurante : après une campagne topographique réalisée fin septembre dans les propriétés privées en présence des habitants, la restitution des mesures permettait de confirmer que tous les bâtiments sont situés à une cote plus élevée que la crête du futur déversoir de l’ouvrage. Ainsi et même lorsque l’ouvrage sera plein, la retenue ne pourra remonter jusqu’aux maisons.
Par ailleurs, les habitants de Berlancourt, en aval du barrage, ont réaffirmé leur attente de la construction de cet ouvrage, qu’ils attendent depuis maintenant 12 ans.
Nouvellement compétente en matière de prévention des inondations du fait de l’adhésion de la Communauté de communes du pays noyonnais (CCPN), l’Entente pouvait proposer des travaux adaptés à la situation de Beines dont quelques maisons sont naturellement inondables (et ont été inondées lors de l’épisode majeur des 7 et 8 juin 2007). Jean-Michel Cornet, directeur des services, insistait toutefois sur le fait que le dossier d’autorisation du barrage était actuellement en cours d’instruction par l’Administration et que tous nouveaux travaux devaient faire l’objet d’une démarche indépendante, qu’il était prêt à engager dès lors que les riverains approuveraient ces propositions.
Les participants se séparaient sur l’engagement de l’Entente de produire une note pédagogique sur le fonctionnement du barrage et une restitution à l’adresse, pour chaque riverain, des relevés topographiques réalisés chez lui. Une prochaine rencontre en janvier permettra de refaire un point et tenter de sortir par le haut de cette situation délicate, comme l’explique Jean-Michel Cornet :
Entente Oise Aisne : En quoi le barrage de Berlancourt a une incidence sur les inondations dans Beines ?
Jean-Michel Cornet : Bien évidemment le barrage, situé en aval de Beines, n’aggrave pas les inondations dans ce hameau. C’est même une condition nécessaire à l’autorisation du projet. La queue de retenue, qui fait l’objet de toutes les attentions, est connue très précisément puisque l’eau est stagnante en cas de crue dans la zone de stockage qui ressemble alors à un plan d’eau. Pour autant, les craintes des populations en amont sont fréquentes sur tous nos projets et légitimes au regard du traumatisme vécu lors des inondations les plus récentes. Nous avions rencontré les mêmes questions lors de la construction du barrage de Proisy (02) et le remplissage complet de la retenue, le 8 janvier 2011, a confirmé par l’expérience, s’il en était besoin, le bon dimensionnement de la hauteur du barrage et de la consigne de régulation.
EOA : Pourquoi les habitants de Beines se voient proposer des aménagements locaux, 12 ans après la crue de juin 2007 ?
JMC : Suite à l’orage exceptionnel du 7 juin 2007, le Syndicat intercommunal de la Verse a lancé une étude de définition d’un programme d’actions. L’ensemble des maires concernés ainsi qu’un représentant de Beines ont orienté les réflexions pour aboutir à un programme de travaux consistant principalement en une réouverture de la Verse dans Guiscard et la réalisation de trois barrages (Muirancourt, Berlancourt, Beaugies-sous-Bois). Les choix étaient donc validés par les acteurs locaux sans réserve sur préconisation du bureau d’études Hydratec. Devant l’ampleur et la complexité des travaux, l’Entente a été saisie par les maires de Guiscard et Noyon et par le président du syndicat de la Verse pour porter ce programme. Il s’agissait du PAPI Verse naissant, qu’il a fallu plaider auprès des financeurs (Etat, Région, Département, Agence de l’eau) puis mettre en œuvre. L’Entente a reçu le mandat des élus locaux de réaliser les trois barrages et c’est à ça qu’elle s’emploie depuis 2013, année de labellisation du PAPI.
Il est surprenant que les craintes à Beines ne s’expriment qu’au bout de 12 ans, tandis que la démarche du PAPI a été largement concertée. L’Entente a tenu de nombreuses réunions locales et distribue, dans les 13 000 boîtes aux lettres des 34 communes du bassin versant, une lettre semestrielle qui présente l’avancement des différentes opérations. Et le maire de Guiscard n’est pas économe de son énergie à militer pour le dossier.
Quoi qu’il en soit, nous devons répondre à la problématique des inondations sur Beines (comme partout ailleurs). Mais ce sera en-dehors du PAPI dont le contenu est acté de longue date et dorénavant immuable. Suite à une campagne de terrain réalisée fin septembre, des propositions ont été discutées localement et reposeront sur des autorisations administratives qu’il faudra solliciter et des accords des riverains pour procéder à des travaux chez eux. Tout ceci rentrera dans une nouvelle opération que l’Entente pourra conduire au titre de la compétence de Prévention des inondations que la CCPN vient de lui transférer. Les choses se mettent en place progressivement.
EOA : Ces propositions sont-elles de nature recevoir une adhésion de tous, notamment autour du barrage de Berlancourt ?
JMC : En tout cas, elles répondent au problème. S’agissant de l’adhésion de la population de Beines, nous mettrons toute notre énergie à convaincre de l’efficacité de nos actions. Je me réjouis que la rencontre de ce samedi ait permis à l’association de défense des hameaux de Guiscard, de rencontrer les sinistrés de Berlancourt qui attendent impatiemment le dénouement de cette longue phase de maturation du PAPI Verse. Le dialogue local est, au vu de notre expérience, la meilleure voie pour convenir d’un dispositif global au bénéfice de chacun, accepté par tous.