Nous reprenons hélas nos points de situation sur les crues en cours au terme d’un hiver qui n’en finit pas. Si les niveaux atteints globalement sur le bassin n’ont rien d’exceptionnel en cote (entre 2 et 5 ans de période de retour suivant les secteurs), cet hiver restera marqué par la succession de pics de crue depuis février. Le dernier pic en date passe à Guise ce jeudi et mettra environ deux semaines pour rejoindre la Seine. Au vu des perspectives météorologiques, c’est sans doute le dernier de la saison.
En tête des bassins, les pics de crue génèrent autant de débordements puis de décrues et sont bien marqués. L’extrait Vigicrues sur Hirson ci-dessous montre bien les successions de montées puis de descentes des niveaux.
Plus la crue descend, plus les reliefs s’effacent et laissent la place à des plaines de moins en moins pentues de sorte que les crues s’étalent et stagnent : faute de pente, les eaux restent parfois plusieurs semaines comme par exemple sur le secteur dit de l’Oise moyenne entre La Fère et Noyon; le village d’Appilly en fait l’amère constat depuis un mois.
Lorsque plusieurs pics de crue se succèdent, ils se rejoignent, se rattrapent sur les plaines de faible pente. Ainsi, non seulement les pics n’apparaissent plus mais les niveaux se cumulent et peuvent attendre des cotes plus rares que celles de chacun des pics en tête de bassins. C’est le cas actuellement sur la Serre aval où les niveaux se situent 18cm seulement sous la crue majeure de décembre 1993, tandis que chacun des 5 pics observés en tête de bassin émarge dans la plage 1 à 5 ans de période de retour. C’est d’ailleurs pour cette raison que le barrage de Montigny-sous-Marle n’a pas régulé la crue (et d’ailleurs, quelle crue aurait-il dû réguler ? remplir le barrage avec l’une d’entre elles ne permettrait pas de vidanger à cause de l’arrivée de la crue suivante et il ne serait pas possible de stocker plusieurs pics d’affilée. Nous avons exposé plus en détails les raisons de cette gestion qui peut paraître contestable).
Le dernier pic de la série vient donc de partir des têtes de bassin. Ce jeudi, les pics se situent à Guise (02) pour l’Oise, Mortiers (02) pour la Serre et Rilly (08) pour l’Aisne. Le "train" précédent se situe à La Fère sur l’Oise et à Soissons sur l’Aisne. Les flots devraient conduire à un niveau assez étale sur Venette à la confluence Oise Aisne et qui devrait durer encore plusieurs jours.
Nous profitons de l’occasion pour indiquer que les plus fortes crues à l’échelle du grand bassin Oise Aisne ne proviennent pas d’une pluie intense et généralisée, mais comme c’est le cas actuellement de successions de pics qui saturent les sols, débordent, progressent lentement vers l’aval puis se rattrapent pour former un hydrogramme unique et particulièrement massif. Cet hiver aurait donc pu tourner beaucoup plus mal avec par exemple une ultime perturbation particulièrement intense — que nous n’avons pas eue. C’était le mécanisme de décembre 1993.