Créé dans les années 60, le Syndicat de curage de la vallée de la Serre (02), devenu Syndicat de la Serre aval, est le plus ancien syndicat de rivière du bassin de l’Oise. Dès la création de
l’Entente en 1968, les procès-verbaux de son conseil d’administration attestent des pratiques de curage des rivières en vue de faciliter les écoulements en crue et en limiter les impacts. Cette
finalité était alors encouragée à plus grande échelle, l’Entente installant rapidement un régime d’aides aux collectivités tant pour soutenir les travaux que pour susciter l’émergence de nouveaux
syndicats.
Si les curages sont dorénavant bannis de la boîte à outils de la gestion du risque inondation, il s’avère que la Serre aval (entre Marle et la confluence avec l’Oise) est longée par des merlons
de curage constitués au fil des ans : il était pratique pour le pelleteur de déposer les matériaux sur berge avec pour conséquence de contenir les débordements les plus fréquents, lors des
petites crues, et préserver les terres agricoles avoisinantes. Par continuité, les merlons protègent aussi des débordements dans plusieurs secteurs urbanisés comme à Crécy-sur-Serre (02).
Le 27 août, Hubert COMPERE, président du Syndicat de la Serre aval conduisait la visite de ces merlons par les services de l’Entente et de l’Union des syndicats de rivière du département de
l’Aisne, en présence de l’Office français de la biodiversité et de la DREAL Hauts-de-France. L’objectif était double :
S’agissant des merlons en zone agricole, l’opportunité d’une reconquête du champ naturel d’expansion des crues se doit d’être examinée : la chenalisation de la rivière prive la vallée de son
pouvoir de régulation naturelle des crues par étalement des volumes. Or les crues successives de février et mars 2020
ont dépassé les niveaux de protection des merlons de sorte que les terres agricoles ont été inondées. Sur des événements de cette ampleur, le lit majeur retrouve son pouvoir de laminage de la
crue. Or aucune habitation n’a été inondée ; ainsi, l’arasement des merlons n’apporterait aucun intérêt pour la régulation des crues les plus préjudiciables, le lit majeur étant fonctionnel sur
ces situations. Quant aux milieux aquatiques en tant qu’annexes hydrauliques, il s’agit de cultures qui ne présentent pas d’intérêt écologique.
S’agissant des merlons en zone urbanisée, le constat est qu’ils protègent des fonds de jardins tandis que les maisons sont rehaussées, de sorte que le plancher du premier niveau est à une cote
sensiblement alignée avec la crête de digue. Dès lors, ces ouvrages ne relèvent pas des procédures de classement au titre de la GEMAPI.
En conclusion de cette journée, les parties convenaient de deux enjeux : l’un, agricole, concerne les difficultés de ressuyage des terres lorsque la crue a surversé les merlons, les busages munis de clapets anti-retour étant insuffisamment dimensionnés pour évacuer les eaux de crue dans un délai raisonnable. Le second concerne la prolifération de la Renouée du Japon qui a totalement colonisé les merlons, à un point que ceux-ci sont vraisemblablement déstructurés par les racines abondantes et finiront peut-être par s’effondrer à terme.