Les prévisions du Service de prévision des crues (SPC) sont dorénavant claires : la crue est passée à Soissons et à Venette vendredi, et hier à Sempigny. La difficulté, que nous évoquions dès notre bulletin du 15 juillet, est l'incapacité des modèles à prévoir un événement estival au motif qu'ils sont calés sur les crues hivernales, sans végétation.
Sur l'Oise en amont de la confluence avec l'Aisne, la crue assez marquée en tête de bassin s'est progressivement atténuée pour devenir assez banale sur Sempigny (60), bien que débordante et créant des dommages agricoles en période de récolte.
Sur l'Aisne, la crue avait repris de la vigueur dans la traversée des Ardennes suite à deux brèches dans le canal, de sorte que le record de décembre 1993 était battu à Berry-au-Bac (02). Il nous fallait attendre la station de Soissons (02) plus en aval pour mesurer l'atténuation de la crue due à la végétation. Nous reproduisons ici un extrait de la stratégie de l'Entente publiée en 2009 et consultable dans notre fonds documentaire, qui expliquait le principe du laminage, particulièrement à l'oeuvre sur la crue que nous venons de subir : entre Berry-au-Bac et Vailly-sur-Aisne (02), le débit de plein bord, ou débit de débordement, est très bas : les montées des eaux fréquentes sont très vite débordantes. Cet été, une grande partie du volume a donc inondé le lit majeur sur ce tronçon et n'a pu progresser vers l'aval à la même vitesse qu'en situation hivernale. Le laminage a donc été augmenté par rapport à une crue d'hiver.
En aval de Vailly-sur-Aisne, l'Aisne est navigable, la section d'écoulement du lit mineur est augmentée et entretenue pour la navigation. Force est de constater que la crue est "rentrée" dans le lit mineur à cette occasion, induisant une faible montée des eaux à Soissons puis à Venette. Mais seule l'observation pouvait nous renseigner comme les lecteurs assidus de Vigicrues ont pu le constater : les modélisations annonçaient 5,25m à Soissons, 36 heures avant le pic qui n'a atteint que... 3,51m. La préparation active des gestionnaires de la crise dans l'Aisne comme dans l'Oise aura donc servi de répétition et, ce soir, la préfecture l'Oise lève l'alerte sur le département.
Avec un maximum à 3,97m à Venette, nous n'atteindrons finalement pas la cote annuelle (pour mémoire nous avons concédé 5,20m en février 2021) après, là aussi, des prévisions du SPC montant jusqu'à 5,17m.
Demain matin, les services de l'Entente ajusteront les différentes vannes des casiers de Verberie et Pontpoint Pont-Sainte-Maxence pour revenir à des niveaux estivaux dans les casiers, compatibles avec les usages, une fois la crue définitivement évacuée. Pas d'aggravation à prévoir sur le Val d'Oise non plus où l'ensemble du bassin de la Seine est en vigilance verte.