L’automne 2023, l’hiver 2023–24 et le printemps 2024 ont été des saisons particulièrement arrosées par des pluies fréquentes, sans pic de crue marqué, mais conduisant à des hautes eaux persistantes sur le bassin de l’Oise. Ces crues, pour partie en dehors de la période traditionnellement à risque (novembre–mars), ont généré de forts préjudices à l’activité agricole (retard pour la remise à l’herbe, semis tardifs, pourrissement etc.)
À la demande de la profession agricole, le Préfet de l’Aisne a organisé un tour de table des acteurs pour mieux cerner l’origine de la problématique, ses conséquences, sa rareté, et esquisser des pistes de solutions et d’améliorations.
Cet épisode durable s’inscrit dans un contexte de ressenti général, que les crues sont de plus en plus fréquentes et surviennent pour des pluies de moins en moins intenses ; en outre elles durent plus longtemps.
Une hypothèse est que les cours d’eau, depuis 30 ans, se comblent progressivement de sorte que leur capacité d’écoulement est diminuée (moins de section à plein bord, débordement plus précoce).
Jusqu’aux années 1990, les syndicats de rivières curaient les cours d’eau et le plus souvent déposaient les matériaux sur les berges. Les différentes réglementations ont conduit à arrêter les curages.
L’Entente a souhaité vérifier cette hypothèse en procédant à une campagne de bathymétrie ciblée sur des profils précis pour lesquels elle dispose de profils anciens (1996 à 2000 suivant les secteurs). L’enjeu est de mesurer le profil bathymétrique précisément au même endroit que l’ancien profil pour pouvoir apprécier l’éventuel comblement et son ampleur.
Elle a mandaté à cet effet la société GEOFIT qui a procédé au levé d’une trentaine de profils répartis sur les trois rivières : Oise, Serre et Aisne.
Le rapport, téléchargeable dans le fonds documentaire et ci-dessous, commente les évolutions sur 30 ans. Le changement radical d’approche au regard des curages des grands cours d’eau n’a pas conduit à une diminution généralisée des capacités d’écoulement de plein bord de ces cours d’eau par un comblement des lits mineurs. Pis, la tendance est plutôt à une légère augmentation des débits de plein bord, soit par léger surcreusement, soit par léger élargissement des lits, le tout sous hypothèse de pente et de rugosité constantes. Cette conclusion, qui va à l’encontre de l’intuition, est versée au débat.